Réduire la vulnérabilité des enfants à la maternelle: une responsabilité partagée!
La semaine dernière avait lieu le dévoilement des données de l’Enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle (EQDEM). Cette enquête permet de mesurer le niveau de développement des groupes d’enfants à la maternelle selon cinq domaines de développement.
Alors que l'édition de 2012 affichait un taux d’enfants vulnérables dans au moins un domaine de développement de 25,6 % et que la cible gouvernementale pour 2025 visait à réduire ce seuil à 20 %, c’est plutôt une augmentation des enfants vulnérables, portant ce taux à 27,7 %, que nous a dévoilé l’édition 2017.
L’enquête nous révèle également que certains groupes d’enfants sont plus à risque: les garçons (35 %), les enfants de moins de 6 ans (34,3 %), les enfants vivant dans un milieu défavorisé sur le plan matériel (33,7 %) ou social (33,2%) et les enfants dont la langue maternelle est autre que le français (34,5%).
Même si nous constatons une augmentation, il est trop tôt pour parler d’une tendance puisque nous n’en sommes qu’à la deuxième édition de l’enquête. Est-ce que cette augmentation est un phénomène récent ou est-ce une tendance depuis des années? Avons-nous réduit cette augmentation ou est-elle stable dans le temps? C’est pourquoi il est important de poursuivre ce type de mesure afin de suivre, d’un point de vue populationnel, l’évolution de cette problématique.
De plus, dans chaque région, des équipes ont été formées afin de s’approprier les résultats, de les analyser et de les diffuser. Votre connaissance des contextes dans lesquels ont évolué les enfants issus de cette cohorte est importante pour tirer des apprentissages et améliorer nos interventions pour favoriser le développement des tout-petits.
Malgré ces résultats, nous sommes en mesure d’observer des collaborations significatives entre les divers acteurs impliqués en petite enfance pour améliorer le continuum de services aux enfants et à leurs parents. Cela doit être maintenu et même renforcé!
Au cours des dernières années, le mouvement en petite enfance s’est enrichi grâce à vos expériences, mais également à plusieurs événements qui ont permis de nous forger une vision commune des enjeux et des solutions et d’en parler sur la place publique. Je pense ici aux consultations qui ont mené au Sommet sur l’éducation à la petite enfance en 2017, au Sommet de la famille en mai dernier et aux deux dernières éditions de la Grande semaine des tout-petits. Cela n’est sans doute pas totalement étranger au fait que la famille et l’éducation soient ressorties comme des priorités lors de la dernière campagne électorale.
La prochaine édition de la Grande semaine des tout-petits sera une autre belle occasion de démontrer le fruit de notre travail collectif et de faire valoir l’importance d’agir tôt. Plusieurs actions de communication auront lieu dans le cadre de cet événement: le lancement d’une campagne sociétale signée Tous pour les tout-petits, la diffusion d’un sondage réalisé par l’Observatoire des tout-petits et le Grand rassemblement pour les tout-petits qui regroupera, à guichet fermé, près de 650 leaders.
Nous ne pourrons pas réussir à renverser la tendance en travaillant en silo. Il est important, plus que jamais, que nous unissions nos efforts, en raison notamment de la rareté des ressources et de la complexité des problématiques vécues par les familles. Pour ce faire, il faut travailler encore plus ensemble, à tous les niveaux.
À cet égard, il sera très intéressant de suivre la façon dont notre gouvernement combinera les préoccupations liées à la santé, à l’éducation, aux familles et aux services sociaux dans une vision gouvernementale. Nous serons sans doute plusieurs à surveiller de près ce qui surviendra dans les prochains mois, et ce sera un plaisir de pouvoir contribuer à partager nos expériences et nos connaissances.
Mais d’ici là, n’attendons pas que cela soit défini pour agir ensemble: continuons dès maintenant à faire la différence au quotidien pour les enfants et les familles du Québec.
Julie Dostaler, directrice générale à Avenir d’enfants