Au cours des 10 dernières années, Avenir d’enfants a soutenu la mise en œuvre de plans d’action concertés et de projets innovants. Une mine d’informations pour l’action collective en petite enfance au Québec.
Basé sur l’expérience acquise au sein d’un réseau de plus de 3000 partenaires, les connaissances scientifiques actuelles et les données publiques disponibles quant à l’état de développement et de bien-être des tout-petits et des familles au Québec, Avenir d’enfants a pu identifier les éléments essentiels à l’action collective en petite enfance. Quatre recommandations et plusieurs pistes d’actions sont proposées pour tendre vers l’objectif de donner un bon départ dans la vie à tous les jeunes enfants québécois. Elles sont accompagnées de quelques exemples issus de projets collectifs.
Consulter les faits saillants du bilan.
L’un des éléments phares des conditions de succès des initiatives soutenues par Avenir d’enfants réside dans la capacité des partenaires à agir collectivement, en se donnant des priorités communes, en menant des actions concertées et en procédant ensemble à une évaluation des actions afin d’y apporter des améliorations en continu.
En bâtissant des passerelles entre les organisations et en réduisant la concurrence entre des acteurs ayant le potentiel d’être partenaires, l’action collective permet de placer toutes les forces vives disponibles au service du développement des enfants et du soutien à leurs parents. Cette collaboration s’est installée grâce, entre autres, à la présence d’une personne ayant le mandat de coordonner les efforts des partenaires à l’échelle locale ou régionale et à la présence d’une structure nationale de soutien et d’accompagnement neutre.
Il apparaît essentiel de maintenir les ingrédients du succès de l’action collective et d’améliorer les arrimages, à la fois entre partenaires de différents paliers ou de différentes régions, mais également entre les multiples bailleurs de fonds ayant un pouvoir d’agir directement ou indirectement sur le bien-être des tout-petits, de leur famille ainsi que sur leurs conditions de vie.
Des barrières systémiques peuvent faire obstacle à l’accès des tout-petits et des familles aux services leur étant destinés. Celles-ci relèvent des services publics et privés, des politiques, lois et cadres en vigueur dans notre société. Une multitude d’intervenants, de même que des mesures et des initiatives sont mis au service des enfants et des familles. Ils traversent les frontières établies entre le réseau de la santé et des services sociaux, les services de garde éducatifs à l’enfance, le milieu communautaire, le réseau scolaire et les municipalités. Le constat n’est plus à faire : les intervenants et les familles ont tout à gagner de voir ces différents services être décloisonnés pour favoriser les passages entre les réseaux et éviter que l’information recueillie se perde lorsque l’enfant ou le parent évolue dans un nouveau milieu.
Une forte mobilisation des partenaires est cependant nécessaire au succès de cette coordination, et ce, à tous les niveaux, du palier local jusqu’aux ministres ayant des responsabilités à l’égard du développement des enfants. Il est ainsi fondamental de faire équipe avec les parents, en reconnaissant leur expérience et leur rôle comme premiers éducateurs de leurs enfants. Il importe également de repenser les arrimages entre les services aux familles afin de concevoir ceux-ci dans un continuum impliquant l’ensemble des parties prenantes, commençant dès la grossesse et accompagnant les tout-petits jusque dans la période de transition scolaire.
Au cœur de la mission d’Avenir d’enfants se trouve une préoccupation particulière pour le soutien au développement des enfants vivant en milieu défavorisé. La défavorisation, matérielle ou sociale, touche une grande diversité de familles, qu’elles soient autochtones, immigrantes, allochtones, en milieu rural ou en milieu urbain. Surtout, elle peut affecter grandement leur quotidien, leur santé et leur bien-être, et ce, sur de nombreuses années.
Puisque le tiers des enfants grandissant en milieu défavorisé commence la maternelle en étant vulnérable dans au moins un domaine de développement, il y a lieu d’accorder des efforts supplémentaires pour bien adapter les services à ces différentes réalités. Cependant, des obstacles subsistent pour permettre aux familles d’obtenir tout le soutien dont elles ont besoin, plus particulièrement pour les familles en milieu défavorisé.
En plus de vivre dans des conditions socioéconomiques défavorables qui nuisent à leur bien-être et à leur santé, elles éprouvent souvent des difficultés importantes d’accès aux services. Six grandes catégories de barrières d’accès sur le parcours des familles ont été documentées. Elles peuvent être individuelles ou personnelles, physiques, sociales, organisationnelles, systémiques ou économiques. En sensibilisant les acteurs concernés à l’existence de ces barrières, en accordant les ressources nécessaires pour y remédier et en adaptant les services aux besoins des familles vivant en situation de défavorisation, il est possible de faire une grande différence dans la vie de ceux qui en ont le plus besoin.
La petite enfance est à la croisée des chemins d’une multitude d’enjeux auxquels est confrontée la société québécoise. Pensons à la réussite éducative, à la lutte à la pauvreté, à la revitalisation des municipalités rurales, aux problématiques de pénurie de main-d’œuvre ou encore à la promotion des saines habitudes de vie, pour n’en nommer que quelques-uns. Agir en prévention invite de plus en plus à agir en petite enfance. Il apparaît alors essentiel de mobiliser tous les acteurs concernés par ces questions. Les dimensions sur lesquelles il est possible d’agir sont nombreuses. Du développement global de l’enfant à la conciliation famille-travail, en passant par l’offre de service éducatif et le soutien offert, tant par le réseau de la santé et des services sociaux que par le milieu communautaire, plusieurs grandes mesures structurantes peuvent être poursuivies ou implantées pour renforcer les réseaux qui soutiennent les enfants et leur famille.
La qualité des services offerts aux familles mérite une attention particulière, surtout en milieu défavorisé, où l’absence de qualité peut s’ajouter aux facteurs de risque déjà présents et contribuer à compromettre davantage le bien-être des enfants et de leurs parents. La qualité des services repose sur un grand nombre de facteurs dont certains des plus importants sont le savoir-faire et le savoir-être des personnes appelées à collaborer avec les enfants et leurs parents. La compétence et l’attitude de ce personnel envers les familles jouent en effet un rôle crucial dans l’établissement d’un solide lien de confiance avec les familles, le développement du plein potentiel des enfants et la valorisation du rôle parental. En bonifiant la formation de base, la formation continue ainsi que l’accompagnement offert aux personnes œuvrant dans tous les réseaux, des gains importants peuvent être réalisés en ce qui concerne la qualité des services destinés aux enfants et aux familles du Québec.